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Vers une prière continuelle

   Quand nous sommes fidèles à consacrer chaque jour un temps plus ou moins long, suivant nos aptitudes et nos devoirs d’état, à nous entretenir avec notre Père céleste, à recueillir ces inspirations et à écouter ces « rappels » de l’Esprit, alors les paroles du Christ, les Verba Verbi, comme les nomme saint Augustin, vont se multipliant, inondant l’âme de lumière divine, et ouvrant en elle, pour qu’elle puisse toujours s’y abreuver, des sources de vie.
   L’âme, en retour, traduit constamment ses sentiments en actes de foi, de repentir, de componction, de confiance, d’amour, de complaisance, d’abandon à la volonté du Père céleste ; elle se meut comme dans une atmosphère qui l’entretient de plus en plus dans l’union avec Dieu ; l’oraison devient comme sa respiration, sa vie ; l’âme est remplie de l’esprit d’oraison. L’oraison devient alors un état, et l’âme peut trouver son Dieu quand elle veut, même au milieu de toutes ses occupations. Les moments que, dans la journée, l’âme consacre exclusivement à l’exercice formel de l’oraison ne sont que l’intensification de cet état, dans lequel elle reste habituellement, mais doucement, unie à Dieu, pour lui parler intérieurement et écouter elle-même la voix d’en-haut.
   Cet état est plus que la simple présence de Dieu ; c’est un entretien intérieur, plein d’amour, dans lequel l’âme parle à Dieu, parfois des lèvres, le plus souvent du cœur, et lui reste intimement unie, en dépit de la variété des travaux et des occupations de la journée. Il y a bien des âmes, simples et droites, qui, fidèles à l’attrait du Saint-Esprit, arrivent à cet état si désirable.

 

 

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923), Le Christ, Vie de l’âme, II, X, IV

 

 

    Peu à peu, comme une succession de points finit par former une ligne, l’attention à la Parole de Dieu devient en nous l’attention à Dieu même, nous établissant dans une présence continuelle à lui qui définit ce qu’on appelle la contemplation. Et comme le goutte à goutte se transforme en ruisseau, l’amour de Dieu se met à irriguer toute notre vie, faisant de tous nos actes des actes de foi, de repentir, de componction, de confiance, d’amour, de complaisance, d’abandon… Nous sommes alors passés des exercices de piété (réciter son chapelet, méditer un évangile, etc.) à l’état d’oraison, c’est-à-dire à l’union continuelle à Dieu sous-jacente aux multiples occupations que la vie nous impose, au-delà de toute distinction entre action et contemplation.
   La frontière entre cet état d’oraison, et les moments que nous réservons à une prière plus explicite, tend à s’estomper. Cela veut-il dire qu’il ne faille plus réserver du temps à l’exercice d’oraison ou aux autres prières ? Ni dom Marmion, ni aucun saint ne l’a dit, et Jésus lui-même passait des nuits entières à « faire » oraison ; mais en réalité, plutôt que de parler de temps réservé à l’oraison, il serait plus juste de parler chez eux de temps réservé à l’action, à l’intérieur d’une vie dominée par l’entretien intérieur, plein d’amour, dans lequel l’âme parle à Dieu. La prière est devenue leur état habituel, les œuvres que Dieu leur demande alors à travers leur devoir d’état ou telle ou telle mission reçue dans l’Église, n’étant que cette prière continuée sur un autre terrain.

 

Marmion (bienheureux Columba, 1858-1923)
   D’origine franco-irlandaise, prêtre à 23 ans, bénédictin à 30 ans à l’abbaye de Maredsous, en Belgique, dont il devient abbé, après quelques années à la fondation du Mont-César. Prédicateur et directeur de talent, il sera l’un des maîtres de la vie spirituelle au XXe siècle, labellisé comme tel par sa béatification en l’an 2000.